Face à l’insécurité croissante, les rebelles de l’AFC-M23 mènent depuis le week-end dernier des opérations de « bouclage » dans plusieurs quartiers de Goma, ainsi que dans la localité de Saké. Bien que le mouvement affirme avoir interpellé près de 300 personnes en trois jours et souhaite s’attaquer à tous les détenteurs d’armes à feu, des membres de la société civile dénoncent une « chasse à l’homme » indiscriminée.

Les opérations de « bouclage », débutées le 10 mai, ciblent les quartiers les plus touchés par l’insécurité dans le nord et l’ouest de Goma, où de nombreux assassinats, braquages et enlèvements ont été rapportés ces dernières semaines. Le 12 mai, quatre membres d’une même famille ont été tués et brûlés vifs dans le village de Kabale Katambi, près de Goma. Pour la population du Nord-Kivu, cela constitue une violation des droits humains. Stewart Muhindo, membre du mouvement citoyen de la Lucha, déclare : « L’argument sécuritaire ne justifie pas tout. Les combattants de l’AFC/M23 sont incapables de sécuriser Goma, et que la population soit victime d’enlèvements perpétrés par ceux censés garantir sa sécurité est totalement inacceptable. Il faut libérer les personnes arrêtées et mettre fin à cette opération de chasse à l’homme. »

D’autres voix au sein de la société civile craignent que ces interpellations en série ne mènent à des recrutements forcés. Pendant ce temps, Kinshasa et l’AFC/M23 se renvoient la responsabilité de l’augmentation de l’insécurité dans la région. Le ministre congolais de l’Intérieur a accusé l’AFC/M23 de violer l’intégrité territoriale de la RDC, citant plus de 300 assassinats et exécutions sommaires, ainsi qu’une centaine de viols. En réponse, les autorités rebelles à Goma affirment que le gouvernement congolais cherche à semer le chaos. Le maire nommé par les rebelles a déclaré que plus de 1 700 armes avaient été récupérées depuis la prise de Goma fin janvier, dont plus de 300 récemment.

La rédaction