Quatre ans après l’instauration de l’état de siège en Ituri par l’ordonnance du président Félix-Antoine Tshisekedi, le député provincial Jean-Pierre Bikilisende, élu du territoire de Djugu et ancien bourgmestre de la commune de Mungbwalu, dresse un bilan sévère de cette mesure exceptionnelle.

Selon lui, l’état de siège a échoué à ramener la paix promise aux populations de cette province meurtrie par les conflits armés.

« Sur le terrain, rien ne justifie les 80 % de réussite que certains avancent. La réalité, ce sont des morts, des déplacés par milliers et l’insécurité persistante. Les groupes armés continuent de sévir. Pire, certains sont même nés sous le régime de l’état de siège », a déclaré l’élu de Djugu lors d’une conférence tenue ce mardi à Bunia.

L’état de siège, instauré le 6 mai 2021, plaçait la province sous commandement militaire pour neutraliser les groupes armés et restaurer la sécurité. Mais pour Jean-Pierre Bikilisende, la mission n’a pas été accomplie.

Il invite le président de la République à reconsidérer cette ordonnance, ou à défaut, à permettre à l’Assemblée nationale et au Sénat d’y mettre fin par une loi.

« Les militaires et policiers doivent se recentrer sur leur mission première : défendre l’intégrité du territoire national et protéger la population. Soit on met fin à l’état de siège, soit on en change les animateurs. Notre pays a suffisamment de généraux compétents qui pourraient mieux faire », soutient-il.

Tout en reconnaissant une accalmie relative dans certaines zones, le député souligne qu’il s’agit d’un calme passager. Il justifie d’ailleurs la coopération militaire entre les FARDC et l’armée ougandaise (UPDF) par l’inefficacité du dispositif de l’état de siège à lui seul.

Jean-Pierre Bikilisende appelle également la population iturienne à l’unité et à la cohabitation pacifique. « Cela fait huit ans que nous vivons dans la guerre. Qu’avons-nous gagné ? Rien. Nous devons rester ensemble et refuser la haine », a-t-il martelé.

Le député provincial n’a pas manqué de saluer les efforts de certains acteurs locaux, notamment la société dirigée par l’honorable Ndele Basibandele Baudoin, pour les travaux de réhabilitation de la route Nizi–Mungbwalu.

Il appelle le gouvernement provincial à respecter les accords signés afin de favoriser la libre circulation sur ce tronçon vital pour les activités économiques.

Rédaction